De nombreux thèmes sont abordés par le biais des photographies, qui “parlent” souvent plus que les rapports, comptes rendus et autres correspondances. Le premier qui vient immédiatement à l’esprit est celui de la topographie et de la visualisation des paysages.
Les photographes qui ont vécu ou voyagé en outre-mer entre 1840 et 1944 ont "couvert" d’abord les thèmes traditionnels que l’on attend : missions et explorations, conflits coloniaux, équipements militaires, ethnologie, portraits des chefs et des administrateurs coloniaux, civils et militaires. Les vues représentant l’urbanisme et l’architecture, la création des villes nouvelles, l’habitat local et colonial constituent des domaines bien représentés. Celles montrant les infrastructures, l’agriculture, l’industrie, et le commerce, le patrimoine culturel, et l’archéologie permettent de compléter les renseignements glanés dans les fonds d’archives.
Photographies collées en albums, support idéal permettant à un militaire ou à un administrateur colonial de rassembler une collection de clichés personnels, ou de reproductions achetées sur place auprès de photographes de studios européens ou indigènes, album que l’on sera fier de présenter à toute la famille au retour en métropole.
Tirages éparses, albuminés et argentiques, cyanotypes, plaques de verre utilisées encore dans les années 1920, négatifs souples, quels que soient les supports techniques, les clichés ont souvent été abandonnés sur place, rachetés avec l'atelier quand un photographe professionnel décédait, édités en cartes postales à de multiples reprises, ou simplement oubliés dans un grenier. Certains ont été utilisés dans des publications contemporaines de leur création, ou parfois très récentes. Le plus souvent sans citer leur auteur. Or, ils sont soumis au droit d'auteur et protégés pendant 70 ans après le décès du photographe. De plus, ce dernier jouit d'un droit moral, imprescriptible et inaliénable, qui oblige l'utilisateur à mentionner son nom.
On l'aura compris, la photographie n'est plus considérée par les chercheurs comme de la simple documentation interchangeable. Au contraire, elle est une véritable archive. Comme telle, on se doit donc de la replacer dans son contexte historique.
Pour ces deux raisons, le but de nos recherches a donc été de retrouver les biographies et parcours de tous ces photographes en outre-mer (environ 1500 actuellement), afin de permettre aux chercheurs de mieux comprendre et utiliser leur travail. Pour attirer aussi l'attention des détenteurs sur des documents précieux et fragiles qui font partie du patrimoine national.
Ce blog n'aurait jamais vu le jour sans les encouragements et la participation de quelques amis. En tout premier lieu je citerai Michel Quétin, conservateur général du Patrimoine, responsable des fonds photographiques aux Archives de France. Je dois beaucoup, en ce qui concerne l'océan Indien, à Claude et Claudine Bavoux. Enfin, Serge Dubuisson, photographe aux Archives nationales d'outre-mer, m'a lancée sur les pistes indochinoises, tout comme les amis de la nouvelle Association des Amis du Vieux Hué. Cette présentation est un remerciement pour tous leurs conseils éclairés.